Cultiver l’espoir : comment planter 500 000 arbres dans les parcs provinciaux du Nouveau-Brunswick
Une idée qui prend racine
Lorsque la première pousse a joint le sol humide durant l’été 2021, l’objectif était simple, mais ambitieux : planter assez d’arbres pour changer les choses concrètement. La mise en terre de ce jeune arbre a marqué le début d’une aventure extraordinaire : la plantation de plus de 500 000 plantes ligneuses dans les parcs provinciaux du Nouveau-Brunswick en quelques années seulement.
Cette initiative a été menée par Josh Tompkins, chargé de projets de conservation et sensibilisation de Parcs NB, par l’intermédiaire de Replant.ca, un organisme canadien voué au reboisement et à l’éducation. Sa vision est claire : rétablir le couvert forestier; enrichir la biodiversité et inspirer les communautés. Par contre, un demi-million d’arbres apporte son lot de défis.
« Chaque arbre à une histoire, explique un des coordonnateurs de replant.ca. Une histoire de résilience climatique, de retour de la faune et de personnes qui se retroussent les manches pour prendre soin d’une terre qui leur survivra. »

Pourquoi des arbres ici et maintenant?
Le Nouveau-Brunswick est couvert de forêts. Plus de 80 % de sa masse terrestre est un entrelacement d’épinettes, de sapins, de bouleaux, d’érables et de pins. La faune y trouve refuge depuis des lunes, des personnes y vivent et utilisent le bois pour se chauffer, et les arbres absorbent le carbone rejeté dans l’atmosphère. Mais comme tout ce qui est vivant, les forêts sont soumises à d’énormes pressions.
Depuis plusieurs décennies, elles sont la proie des changements climatiques, des infestations d’insectes et de l’activité humaine. Le reboisement est l’une des interventions les plus directes et tangibles : il renforce les écosystèmes, améliore la qualité de l’air et des eaux et favorise la résilience naturelle aux tempêtes et aux inondations.
En 2021, l’urgence d’agir était claire et nette. Fréquentés par des milliers de personnes chaque année, les magnifiques parcs provinciaux du Nouveau-Brunswick ont été choisis pour accueillir les plantations. Les visiteurs pourront y voir les arbres pousser, observer la transformation des lieux et sentir qu’eux aussi ont un rôle à jouer.

Plantation des premières pousses
Les travaux ont débuté dans les clairières et les vallées fluviales du parc provincial Mactaquac. Des équipes composées principalement de personnes étudiantes et de jeunes adultes s’y sont rendus avec des sacs remplis de pousses d’arbres. Les mêmes gestes ont été faits des milliers de fois chaque jour pour planter les arbres qui surplomberont ces vastes espaces.
En 2021 seulement, 100 000 arbres ont été ajoutés dans plusieurs parcs, dont le parc provincial Mactaquac, le parc provincial de la plage Murray, le parc provincial des rochers Hopewell et le parc provincial de la plage Parlee.
Pour de nombreux participants, le projet est bien plus qu’un travail physique : c’est une mission.
« On ne plante pas un demi-million d’arbres sans avoir un but, explique Mattea, qui a travaillé pendant des semaines dans les parcs provinciaux du Nouveau-Brunswick. Au début, on dirait que tout ce que l’on fait, c’est creuser, planter et suer. Mais avec du recul, on voit bien que la vallée redeviendra une forêt. Les oiseaux y feront leur nid. Les familles pourront camper sous les arbres. C’est plus grand que nous. »

Deuxième année : Croissance et essor
En 2022, le projet prenait son élan. Les jeunes pousses de la première année ont pris racine et forment un immense tapis vert au-dessus du sol. Certains arbres portaient déjà de nouvelles branches.
Encouragé par les taux de survie initiaux, replant.ca a élargi le programme. Cette année-là, près de 150 000 arbres ont été plantés. Les parcs choisis sont à l’image de la diversité de la province : parc provincial de la République, parc provincial Mactaquac, parc provincial des rochers Hopewell, parc provincial de la plage New River, parc provincial du sentier Fundy et parc provincial de la plage Murray.
Les partenariats grandissent eux aussi. Les élèves des écoles locales ont participé à la plantation et ont appris des principes d’écologie. Des groupes communautaires bénévoles se sont joints au projet. Les élèves de la région ont été invités à « adopter un arbre » et à tenir de jeunes pousses dans leurs mains.
« Nous tenions à ce que le projet soit plus que des chiffres; c’est une initiative à échelle humaine, affirme Kevin McWhirter, administrateur du parc provincial Mactaquac. Lorsqu’un enfant plante un arbre, il voit comment il a grandi des années plus tard. C’est un lien très fort. » Une pépinière a été construite récemment au parc provincial Mactaquac dans le cadre de cette initiative. Les installations permettent de cultiver plus de 25 000 espèces ciblées en même temps.

On approche du demi-million
À l’été 2024, plus de 350 000 arbres avaient été plantés, et le parc provincial de l’anse Herring s’est ajouté à la liste des parcs participants. Chaque nouveau semis renforce la résilience des parcs.
La plantation a été scrupuleusement planifiée. Les espèces ont été choisies en fonction du sol et du climat : de l’épinette rouge dans les hautes terres plus froides, du pin blanc dans les étendues sablonneuses et de l’érable à sucre dans les vallées fertiles. Objectif : diversité. Les forêts riches résistent mieux aux maladies et aux changements climatiques.
Après la plantation de 90 000 pousses au parc provincial du sentier Fundy en septembre 2025, le nombre total de nouveaux arbres dans les parcs s’élève à 460 847.

Au-delà des chiffres : le retour de la faune
Un demi-million d’arbres, c’est une statistique. Mais dans les parcs, c’est une véritable transformation. Les changements sont déjà évidents.
Les nouvelles pousses fournissent de la nourriture et un abri. Les oiseaux chantent sur les jeunes branches. Les cerfs broutent et dévorent les bourgeons les plus tendres. Les racines pénètrent le sol en profondeur et ralentissent l’érosion. Les ruisseaux sont plus clairs. Les insectes butinent et pollinisent les fleurs sauvages et les vergers à proximité.
Le personnel de Parcs NB a commencé à observer des changements : plus d’espèces d’oiseaux dans les zones reboisées, sol plus riche et sain et premiers signes d’une plus grande biodiversité. Les pousses sont petites, mais ensemble, elles forment un vaste territoire rempli de vie.

Le facteur humain
Le projet a transformé les personnes qui y ont participé. La plantation d’arbres est un travail physique exigeant. Les équipes ont passé de longues journées dans la boue, sous un soleil cuisant ou sous la pluie. Mais pour beaucoup de personnes, tous ces efforts ont renforcé le sentiment de communauté et de fierté.
« On ne verra peut-être jamais ces arbres à leur pleine hauteur, mais on sait que l’on a contribué à quelque chose qui perdurera, dit Jonathan Clark, directeur des services financiers et des opérations canadiennes de replant.ca.

Les défis rencontrés
Le parcours était jonché d’obstacles. Le taux de survie varie d’une espèce à l’autre. Les sécheresses de 2022 et de 2025 ont nui aux jeunes pousses. Il a fallu prendre des mesures pour les protéger du broutement des cerfs. Des plantes ont envahi certaines zones reboisées.
Malgré tout, des leçons ont été tirées de chaque défi. Le paillage a amélioré la rétention d’eau. Des clôtures empêchent les cerfs de brouter dans les zones vulnérables. Le personnel des parcs retire les espèces envahissantes en continu. C’est par des essais et erreurs que le programme s’est amélioré.
La capacité d’adaptation de replant.ca – par son écoute des écologistes, le choix des espèces, le moment et le lieu de plantation – a été d’une importance capitale. « C’est bien plus qu’un reboisement, observe un des coordonnateurs. Nous avons pris soin de planter les bons arbres au bon endroit et de la bonne façon. »

Un avenir verdoyant
L’année 2025 tire à sa fin, et près de 500 000 arbres ont été plantés. Le travail est loin d’être terminé. Les arbres sont un investissement à long terme. Ils ont besoin de soins et de surveillance, et il faut parfois les remplacer. Replant.ca assure une gestion continue et veille à ce que les nouvelles forêts atteignent la maturité.
Le projet est loin d’être terminé. On envisage de planter un million d’arbres d’ici 2030 dans les parcs du Nouveau-Brunswick et de transmettre ainsi un héritage qui résistera aux siècles.
Les communautés demeureront au cœur du projet. Plus d’écoles vont y participer. Plus de visiteurs auront la possibilité de planter, d’apprendre et d’échanger. Au fur et à mesure que les changements climatiques s’accélèrent, le message deviendra une évidence : chaque petit geste peut mener à un avenir plus vert.

Un legs pour les générations futures
Un jour, les gens parcourront les sentiers du mont Carleton, pique-niqueront à la plage Parlee ou feront du canot au parc Mactaquac sous le couvert des forêts que nous avons établies. Les arbres plantés aujourd’hui prouveront demain les grandes choses que nous pouvons accomplir collectivement.
Les forêts ont toujours été bien plus que du bois. Elles sont une mémoire et un habitat; elles sont l’avenir. Planter un arbre, c’est croire en demain. Planter un demi-million d’arbres, c’est construire demain ensemble.
Pour les enfants du Nouveau-Brunswick, la faune, la flore, l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, faisons en sorte que ces arbres s’épanouissent et deviennent majestueux. Les forêts sont un trésor collectif.
Dans les parcs du Nouveau-Brunswick, de nouvelles forêts s’élèvent, bien ancrées dans le sol, nourries par la pluie et le soleil et dorlotées par les petits gestes de milliers de personnes. Quatre cent mille arbres ont été plantés, et ce n’est que le début.

Toutes les photos fournies par Replant.ca Environmental
